Savoir lâcher-prise!

J’entre dans le vif du sujet.

Lorsque je suis né, soit le 24 mai 1962, plusieurs personnes voyaient mon avenir avec un pessimisme des plus sombres. Force est d’admettre que le fait de naître sans mains, ni pieds et avec une demie-jambe gauche sans oublier l’absence totale de la langue et du menton, gracieuseté des deux petits comprimés de Thalidomide que ma mère avait prit au tout début de grossesse lorsqu’elle était enceinte de votre humble serviteur, n’avait rien pour encourager le commun des mortels. Voyant le peu de ressources susceptibles de leur venir en aide et une médecine limitée dans les opérations néonataux, mon père a été dans l’obligation d’acquiescer à la suggestion sans cesse répétée des médecins de m’envoyer dans une institution pour déficients mentaux d’où, selon leur pronostic, je n’en sortirais jamais. Et pourtant, mon destin s’est déroulé d’une toute autre manière de ce que l’on prévoyait à mon égard.

Je marche alors que l’on m’avait condamné à ne jamais pouvoir me déplacer. J’adore communiquer tant verbalement que par écrit, ce qui démontre bien l’erreur des médecins d’avoir osé penser que jamais je ne pourrais établir de liens avec mes pairs. Selon ces mêmes médecins, il ne me serait impossible de m’instruire de manière convenable. Pourtant, je n’ose même plus compter les années où j’ai fréquenté l’université Laval de Québec. Bref, nul ne peut prédire l’avenir, ni le sien et encore moins celui de qui que ce soit.

J’ai pu jusqu’à maintenant manger mes repas quotidiens, dormir au chaud, avoir des amis-es extraordinaires, réaliser des activités vraiment intéressantes. Tout ceci m’a amené à réfléchir sur le sens de la vie face à sa destiné. D’ailleurs, une question immergea de mon esprit à l’occasion d’un certain événement fâcheux, mais que je préfère ne pas raconter dans ces lignes. Une toute petite question qui doit être résolue une fois pour toute. Elle se résume comme suit: Pourquoi craindre pour le futur de sa vie? En effet, nul ne sait ni quand et ni comment sa vie se terminera. Je me rappelle d’un certain 20 janvier 2007 où j’avais quitté ma résidence pour aller prendre un repas dans un petit restaurant de mon quartier. Aurais-je cru si l’on m’avait informé qu’une voiture allait me frapper dans les minutes qui suivent? C’est pourtant ce qui m’était arrivé durant mon parcours. Le moins que l’on puisse dire, c’est que 2007 avait débuté du mauvais pied.

Toutefois, je dois avouer que ce fut l’une des plus belles années de toute ma vie. En effet, l’occasion de voyager s’est présentée à moi en maintes occasions et j’ai su en profiter au maximum, sans oublier la chance d’aller rencontrer une femme magnifique avec qui j’ai partagé des instants inoubliables. Suisse, Allemagne, Italie, une partie de l’Ontario et le Québec presque au grand complet ainsi que le nord des États-Unis ont été vus par l’auteur de ces lignes. La chance m’a bien sûr sourit en d’autres occasions.

La route de la vie est remplie de surprises.

Pourquoi alors craindre face à l’avenir? Je ne sais pas de quoi il sera fait. Je vois souvent les médias de masse qui n’ont de cesse de répéter ceci ou cela pour alarmer une partie importante de la population. Ce qui n’empêche guère certaines personnes de gagner à la loterie et de dilapider leurs fortunes presque aussi vite qu’elles leur sont apparues. D’autres encore vont accumuler leurs économies avec grande peine pour les investir dans l’optique d’épargner pour leurs vieux jours, mais par une malchance incroyable, elles finiront par tout perdre par la faute de fraudeurs professionnels. De tels cas ont été vécus par plusieurs personnes tant au Québec, qu’au Canada et aux États-Unis. Le reste du monde n’y échappe pas.

Il est parfois bon de revoir nos priorités dans la vie. En effet, il est une vérité éternelle que l’amour, l’amitié, la santé, la joie de vivre et la quiétude de l’esprit ne peuvent être achetés. L’amour authentique se construit avec une patience pratiquement à toute épreuves. L’amitié s’érige avec une complicité et une confiance absolue. La santé est le meilleur compte de banque que l’on puisse posséder. Comme l’affirme si bien ce dicton: "Quand on a la santé, on peut alors tout faire". Pour sa part, la quiétude de l’esprit se mérite avec une conscience en paix et avec une profonde harmonie avec soi et avec les autres. Tout ceci amène de manière presque inexorable à la joie de vivre liée à tous les éléments que je viens de citer. Enfin, c’est seulement lorsque nous avons tous ces ingrédients que la quiétude de l’esprit peut venir s’établir dans nos âmes.

En résumé, il est parfois plus que nécessaire pour notre bien-être psychologique, voire spirituel, de revoir nos priorités dans la vie. Sommes-nous heureux avec un billet de 10$ tout en vivant de façon modeste mais respectable? Tant mieux, si la réponse est affirmative. Dans le cas contraire, notre bonheur ne sera pas plus grand si nous vivions dans l’opulence. Car, ne l’oublions pas, le bonheur véritable est une affaire de cœur et d’esprit. Ce qui ne doit quand même pas nous empêcher de jouer à la loterie.

À propos de loterie, j’aimerais bien pouvoir remporter un gros lot non seulement dans le but de me gâter davantage, mais aussi pour redonner aux membres de ma famille immédiate tout ce dont ils m’ont donné. Je suis plus que convaincu qu’il y a là un juste retour des choses. Qu’en pensez-vous?!

Merci de m’avoir lu.

Rolland St-Gelais

Québec (Québec)

Canada