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Blog de réflexion personnelle sur divers sujets de la vie

Le handicap versus la virilité

Publié le 25 Septembre 2013

Le handicap versus la virilité

Bonjour,

Il peut arriver que certains sujets, jugés tabous par l’ensemble de la société, puissent être abordés dans mes blogues. Je pense entre autre au blogue intitulé «Sexualité & handicap; voir la vie autrement, c’est possible» où j’ai eu la chance de développer des thématiques peu examinées dans les médias de masse. En effet, ces derniers ont plutôt tendance à choisir des sujets qui leur promettent une source de revenue potentielle. Ici, c’est la loi du capitalisme qui doit être respectée fidèlement. Après tout, leurs employés ne peuvent pas être payés avec de l’amour et de l’eau fraiche.

C’est la raison pour laquelle il est plutôt rarissime que ces mêmes médias puissent s’intéresser au domaine de la sexualité et ce, de manière à l’aborder, permettez-moi cette expression, de front et sans fausse pudeur mais aussi avec tact et doigté. Ceux et celles qui suivent mes publications de manière assidue savent que j’ai déjà écrit un article sur ma sexualité avec un sens aigu d’esthétisme. Un article qui a été apprécié bien au-delà mes espérances. En effet, les commentaires ont été élogieux non seulement à propos de l’article proprement dit, mais aussi à mon égard. Néanmoins, je me suis interrogé depuis quelques temps à savoir si cela pouvait être utile de renouer avec le sujet en mettant cette fois l‘emphase sur ma capacité d’être en érection et sur mon hétérosexualité.

Pour m’éclaircir dans mon raisonnement, je dois résoudre ces quelques interrogations bien justifiées avant de prendre la décision finale de publier ou non ce présent article. Primo, est-il réellement pertinent de rédiger sur un tel sujet? Secundo, si c’est le cas, quelle serait la modalité la plus utile pour démontrer la véracité de mes propos? Et, tertio, que pourrait penser le lecteur durant sa lecture? À mes yeux, la pertinence de publier cet article s’appuie indubitablement sur ma volonté de détruire le tabou social lié à la capacité sexuelle, je devrais plutôt écrire l’incapacité, des personnes atteintes de handicaps physiques visibles. Une telle idée semble être, fait étonnant, moins présente à l’endroit des femmes handicapées.

Pour ce qui est de la méthode adoptée pour appuyer mes dires sur le sujet, j’ai porté mon choix sur une photo prise lors d’un moment de détente que je m’étais offert voilà plusieurs années. Une photo qui a la particularité d’une part, de prouver ma capacité de parvenir à une érection totale, détruisant ainsi le mythe de l’impuissance sexuelle chez les hommes handicapés, et d’autre part, d’affirmer haut et fort que chaque homme a le droit de vivre une sexualité en dépit de sa situation physique.

J’ai demandé à l’une de mes amies son opinion sur un tel sujet. Bien entendu, il n’a jamais été question de l’importuner d’une quelconquemanière que ce soit. Son aide m’est d’autant plus précieuse du fait qu’elle a une vision féminine du sujet tout en ayant une distance appropriée pour traiter de l’article avec une impartialité respectable. Son avis m’aidera dans ma décision de publier ou non cet article. Comme on dit si bien au Québec : «Deux têtes valent mieux qu’une.» Qui plus est! Cela me permettra d’imaginer, je l’admets de manière bien générale, ce qu’un lecteur pourrait penser en parcourant mon article. D’ailleurs, je vous invite à écrire vos commentaires sur le sujet dans la rubrique « commentaires ».

Pour une bonne proportion de la population, le handicap physique est synonyme d’impotence, c’est-à-dire d’une incapacité physique accompagnée ou non d’une impuissance sexuelle. Une telle image est véhiculée depuis la nuit des temps, surtout avec l’apport des religions qui ont contribué à émettre, ou à justifier, les interdits sociaux. Par exemple, l’Église catholique a longtemps condamné la masturbation. Encore nos jours elle y voit un acte intrinsèquement mauvais. Que dire alors de l’homosexualité, de la fellation, de la sodomie et des diverses méthodes de contraception qui sont pratiquement toutes prohibées par la vaste majorité des religions de ce monde? Les interdits touchent aussi des catégories précises d’individus qui seront exclus de toutes activités sexuelles souvent dans la crainte de transmettre leurs tares à leurs descendants. Il n’y a pas si longtemps, plusieurs pays avaient établi des politiques dites « eugéniques » allant de la stérilisation, voir la castration chez les hommes, jusqu’à l’élimination des individus qui ne répondirent pas aux exigences de pureté raciale et\ou ethnique. L’Allemagne nazie a été particulièrement féroce dans sa politique eugénique en éliminant d’abord les handicapés par l’utilisation des chambres à gaz. Bref, il était impossible pour une personne handicapée à la fois de satisfaire ses besoins sexuels et de procréer.

Les situations se sont améliorées avec la promulgation de lois et de déclarations suite au procès de Nuremberg où furent jugés, et pour la plupart pendus, les principaux criminels nazis dont firent parti plusieurs médecins SS. La plus importante de ces déclarations est sans contredit celle dite du « protocole de Nuremberg » qui régit encore de nos jours les codes éthiques des membres de la profession médicale. Nous retrouvons parmi ces codes d’éthique des règles qui doivent être scrupuleusement respectées sous peine de sanctions sévères pouvant aller jusqu’à la radiation définitive du membre fautif. Saviez-vous que le droit du patient d’être pleinement informé pour, ensuite, donner librement son accord avant toute procédure médicale et chirurgicale est l’une des prérogatives nées à la suite du «Protocole de Nuremberg»? Il leur est d’ailleurs interdit de forcer qui que ce soit de subir une opération leur empêchant de procréer. Ce qui ne signifie pas qu’ils ne peuvent aborder le sujet avec leurs patients, homme ou femme, afin de leur expliquer les risques de transmettre leurs imperfections génétiques à une éventuelle descendance leur permettant ainsi de prendre la décision qu’ils jugeront la plus appropriée face à leur situation.

Ceci m’amène à vous expliquer mon point-de-vue sur ma condition personnelle, et ce, avec transparence et lucidité. Le hasard fait bien les choses puisque le sujet a été quelque peu effleuré lord de ma visite impromptue à mon salon de coiffure préféré de Québec où les stylistes, de très belles femmes, ont un savoir-faire remarquable dans leur domaine que je qualifierais, permettez-moi l’expression, d’artistique. J’ai l’habitude de discuter de tout et de rien avec ma styliste, surtout si c’est la première fois que nous nous rencontrons. Ma facilité de mettre les autres en confiance, en dépit de ma situation physique, rend l’atmosphère détendue. Bref, on aborde divers sujets.

Bien souvent, on me pose des questions du genre : «Êtes-vous marié?» «Avez-vous des enfants? «Que faites-vous dans la vie?» etc. Ce sont des questions sans aucune indiscrétion et je ne suis pas gêné d’y répondre avec, bien sûr, une certaine diplomatie. C’est un fait. Je ne me suis jamais marié même si l’occasion s’est présentée à deux reprises au cours de ma vie. Disons que par un concourt de circonstances, j’ai préféré prendre le chemin du célibat lequel comporte des avantages et des inconvénients tout comme celui de la vie de couple. En ce qui concerne ma capacité d’avoir des enfants, elle est nulle. Non pas que je sois impuissant. Bien au contraire, et vous pouvez en juger par vous-même en regardant la photo publiée en début de cet article, je peux avoir des érections satisfaisantes.

Or, je m’étais souvent questionné à savoir si mes enfants pouvaient être atteints à leurs tours d’anomalies physiologiques du fait que je sois une victime de la Thalidomide. Un tel questionnement avait surgie dans mon esprit vers 1998-1999 puisque certaines revues médicales avaient mentionné, ce qui s’était avéré être totalement faux dans les années suivantes, que les malformations étaient transmissibles chez les générations suivantes. J’avais donc décidé de prendre un rendez-vous dans une clinique privée ici même à Québec pour d’une part, subir un test sanguin appelé dans le jargon médical un caryotype et d’autre part, de passer le test du spermogramme. Ce n’est que plusieurs mois après avoir passé lesdits tests que j’ai reçu deux nouvelles diamétralement opposées. En effet, l’on m’informa que dans l’éventualité où j’aurais eu des enfants, aucun d’entre eux, j’ai bien écrit « aucun », aurait été atteint d’anomalie physique liée de près ou de loin avec la Thalidomide. J’avoue qu’il s’agissait-là d’une nouvelle assez réconfortante. Par contre, le résultat du spermogramme m’informa de ma stérilité. Je suis plus que convaincu que cette stérilité est la conséquence directe de l’expertise médicolégale vécue à l’occasion d’un procès où j’ai été utilisé comme un vulgaire préservatif par une firme d’avocats de Philadelphie. Ce qui me révolte le plus c’est de voir qu’une supposée victime de la Thalidomide ait obtenue le dédommagement qui me revenait de plein droit alors que l’on m’ait enlevé le rêve d’avoir un jour des enfants en santé et normaux au plan physique.

Heureusement, il me reste une virilité dont je peux être fier malgré mes cinquante ans. Il faut avouer que le fait de ne pas consommer ni alcool, ni de substances illicites et de prendre soin de ma santé de manière presque obsessive, je blague à peine en écrivant cela, est à mon avantage. De plus, je fais de longues promenades quotidiennement dans mon quartier tout en évitant de trop m’en faire avec la vie. Enfin bref, avoir une virilité parfaite est pour moi synonyme de bonne santé. Il m’est donc paru important de répondre de manière claire et limpide à cette interrogation : Être handicapé est-il synonyme d’impuissance? Ma réponse, avec preuve à l’appui, est un non catégorique.

En terminant, je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ce texte surtout si un tel sujet pouvait à priori vous incommoder. Dites-vous bien que le nombre de personnes handicapées qui ont l’aptitude de présenter les choses avec les mots appropriés tout en faisant un survol historique de la sexualité vis-à-vis du handicap, en particulier physique, n’est pas légion en ce monde pourtant si évolué. J’ai donc pris le risque, un risque énorme étant donné la fausse pudeur et les tabous sociaux omniprésents dans nos sociétés actuelles, de briser la glace.

Je vous suis aussi reconnaissant d’avoir l’amabilité de suivre la construction de mes blogues au fil de mes écrits.

Je souhaite plus que tout au monde de détruire les préjugés qui empoisonnent la vie de tant de gens qui, comme vous, aspirent au bonheur.

Portez-vous bien et soyez heureux!

Rolland St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

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